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27 septembre 2008 6 27 /09 /septembre /2008 18:40

C’est le 15 au matin, après avoir avalé un petit déjeuner mexicain que nous avons débuté ce qui se révélera être l’expérience la plus folle vécue à ce jour. Cette expérience je m’y suis lancé en n’imaginant pas une seule seconde ce qui allait se produire, juste un feeling, une curiosité exacerbée et une envie de partage avec mes nouveaux compagnons de route rencontrés la veille. Nous avons donc quittés le village de Creel à 10h30 pour 5h de “route” dans un bus ayant servi probablement dans les années 60 pour le ramassage scolaire aux Etats Unis. Après quelques centaines de mètres nous avons tout de suite été plongés dans l’ambiance chaotique (c’est le moins que l’on puisse dire) d’un bus dont les amortisseurs étaient certainement d’origine ! Ajoutez à cela une sérieuse interrogation à la vue du panneau : Batopilas 140 km. 140 km en 5h ? Cherchez l’erreur.....


Alors, disons que la première heure et demie pourrait ressembler à un voyage en bus d’après guerre sur l’une des magnifiques petites route de l’Ardèche, serpentante à souhait et offrant de formidables points de vue sur un canyon au détour de certaines des courbes. Après une heure et probablement près de 70km parcourus est venu le premier arrêt et de nombreuses interrogations supplémentaires. 70km en 3h30 ? Se seraient-ils trompés ? Aurions nous mal compris ? Nous avons été à vraie dire assez vite renseignés puisque lorsque le bus a redémarré nous avons tout simplement été subjugué de le voir pénétrer dans un chemin sur lequel il n’existait pas un mètre carré au même niveau. Tout de suite, l’interrogation concernant la durée du trajet nous est apparu limpide étant donné notre vitesse de croisière atteignant péniblement le 15km/h. Et le plus fou, tenez vous bien, c’est que cela n’était que l’apéritif. En effet, ce chemin sur lequel nous étions ballotté, faisant voler en éclat notre conformisme européen représentait pour nous de franche rigolade et un incroyable étonnement, pas encore de la peur. Cela n’est arrivé qu’une heure et demie après lorsque le bus, après avoir serpenté sur des crêtes couvertes de forêts et sur des chemins bordant de petites vallées, a subitement plongé dans un canyon de 800, 900 ou probablement 1000 mètres de profondeur ! A se stade ils vous faut imaginer les images que beaucoup ont vus concernant la route de la mort en Bolivie à la sauce mexicaine car même si la descente jusqu’au fond du canyon s’est révélée être acceptable offrant des points de vues incroyables, la suite des événements a été beaucoup moins réjouissante. En effet, une fois le “rio” traversé sur un pont en bois nous avons débuté ce qui fût pour moi l’un des moments les plus fous de mon existence puisque nous avons longé le canyon, serpenté le long du précipice et tout cela à une allure très réduite et peu rassurante. Le plus déconcertant sont les moments où, puisqu’il m’était impossible de regarder étant donné mon vertige, je pouvais apercevoir les rictus concentrés du chauffeur m’apparaissant confiant mais pourtant vigilant concernant la capacité du chemin a pouvoir accueillir les 4 roues du bus. Ajoutez à cela les petits cris impressionnés des filles, qui faut l’avouer l’étaient beaucoup moins que moi et les “houlalala c’est le précipice là !” ou encore “ oh la vache c’est haut là et puis il est où le chemin ?”. Alors je crois raisonnablement que pendant ces moments là il faut une sacrée dose de sang froid pour ne pas descendre du bus. Mais il faut surtout une confiance immodérée en le chauffeur, une vénération sans limite pour le dieu de la mécanique qui fait tenir debout cet amas de métal et qui le maintien merveilleusement sur la “route” grâce à la plus belle invention de l’homme à ce jour : les freins ! Vous comprendrez alors que j’ai été l’homme le plus heureux du monde en atteignant en fin Batoplias après 5h de voyage.


 












Concernant ce village, le routard le présente comme “ un petit goût de bout du monde” et bien pour une fois je confirme pleinement les écris de ce guide. En effet, ce village au plus profond du Barronco del Cobre, en pleine sierra Terrahumara, est écrasé par une chaleur tropicale et habité par une ambiance toute particulière. Cet endroit a lui même mériterait un livre de centaines de pages tellement celui-ci représente un monde que l’on ne peut imaginer nous européen et tellement le séjour écoulé en ce lieu a été riche en aventures. A noter que pendant le voyage, au delà de nous 5 et de deux trois autochtones, deux autres filles avaient tenté l’aventure, une française et une allemande (Mathilde et Sarah) qui se sont donc joint à nous à l’auberge et qui ont partagé avec nous ce temps au bout du monde. Alors nous avons eu la joie de participer à la fête nationale sur la place du village, celle qui marque l’anniversaire de l’indépendance du Mexique en ce 15 septembre au soir. J’ai donc eu l’immense honneur de goûter à la foi révolutionnaire du Mexique et au culte voué à ces héros (Jiménez, Hidalgo ou encore Zapata) au travers d’un discours émouvant scandé par le maire de ce petit village et au travers de la formidable grita scandée trois fois à 23h à coup de « Viva México ! » et repris fièrement par les habitants à coup de « Viva ! » J’ai été touché d’assister à ce moment et fier d’avoir pu le faire ici, dans le Mexique, le vrai !

 

Le lendemain, alors que nous avions fait connaissance d’Arthuro (un guide) en arrivant, nous sommes tous montés dans son pick up pour arpenter la région entre la cathédrale perdue, un village indien, une baignade dans le rio et la visite d’une ancienne hacienda. Sous une chaleur incroyable nous avons passé une journée formidable, égayée incroyablement par la pêche des filles qui, toutes différentes, mon offert une réelle leçon de dynamisme et de jovialité. D’ailleurs, elles seules savent tous ces moments incroyables vécus là bas et que je gardes dans mon escarcelle pour plus tard comme plein de petit instants qui vont faire du récit final un feu d’artifice pour les gourmands d’aventure lointaines.


























Après une seconde soirée musicale offerte par Arthuro et l’un de ces amis nous avons quitté Batopilas le 17 au matin et refait le chemin inverse en partie de nuit puisque nous avons décollés à 5h du matin. Cela m’a évidemment arrangé profitant du sommeil pour esquiver ma peur de ce chemin incroyable. A peine arrivés à Creel après nos 5h de route nous avons rempli nos ventres d’un nouveau formidable repas mexicain puis sauté dans le train en direction de Los Mochis, sur le Pacifique. Au sein de ce train dont nous arpentions la partie la plus fantastique nous avons passé la plupart de nos 11h de voyage à l’extérieur à contempler les paysages changeants à souhait et réellement subjuguants. Peut être l’atmosphère créée par un train avec une telle histoire rajoute à cette grandeur mais il est évident que ce trajet est l’un des plus beaux au monde en plein coeur du Copper Canyon et écrasé petit à petit par une chaleur incroyable jusqu’a atteindre la plaine bordière du pacifique. Enfin, il aurait été trop facile de stagner à Los Mochis pour une nuit alors nous avons profité de ce temps “mort” pour voyager en bus jusqu’à Mazatlán, une ville côtière située 8h plus au sud. Arrivés là bas à 7h30 du matin nous avons suivis Karine qui quatre ans plus tôt était passée ici et avait fortement apprécié l’expérience de dormir dans un hamac sur une plage de la Isla de la Piedra, à quelques centaines de mètres au large de Mazatlán. Arrivés sur l`île en tout début de matinée une nouvelle tranche de vie surprenante de richesse nous attendaient. Alors tel « slider » j’ai eu l’impression de naviguer durant ces jours entre des mondes parallèles et celui là avait un petit goût que je vais m’empresser de vous décrire dès que la folie de ce voyage me le permettra.

 

Paradisiaquement

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